La minute Top Chef
Qu'on adore ou qu'on déteste, Top chef a irrémédiablement changé notre manière de percevoir la cuisine. Exit Maïté qui bourrine une anguille à coups de rouleau à patisserie, aujourd'hui on veut de l'aérien, du gourmand, du malin, du "putain ya rien dans l'assiette mais ça fera une belle photo sur Instagram".
Si certains regardent l'émission pour trouver des idées de recettes, l'immense majorité des téléspectateurs préfèrent juger les plats et les candidats, avec l'oeil critique et acéré du mec qui mange des raviolis tièdes vautré sur son canapé (+3 points si tu les manges directement dans la boîte).
Petit guide de survie Top Chef à l'attention des novices et des initiés, pour survivre à une émission et apprécier toute sa subtilité:
- On ne fait pas de la purée, on "part sur un écrasé de pommes de terre et son espuma de crème au beurre salé". Quel que soit le plat, tu dois faire sentir la prise de risque, la touche créative que tu lui apportes. Mais garde toujours à l'esprit que toi, la dernière fois que t'as tenté d'apporter ta touche créative, à la fin t'es plutôt parti sur un Domino's pizza.
- Le jury constitue l'un des piliers de l'émission. Craint et respecté, la légende raconte que Philippe Etchebest fait pleurer des oignons et casse des noix de coco avec son crâne chauve. Et pour le jury, le dressage est un élément crucial de la recette; si l'un des chefs estime que "le visuel me parle pas" ou que "le plat ne me raconte aucune histoire", tu peux remballer ton tablier et aller sublimer des quiches chez ta mère. Fais parler ta tartiflette ou casse-toi.
- Si on veut se démarquer, il faut absolument avoir "une signature", "un univers", un truc qui fait qu'on reconnait d'un seul coup d'oeil une de tes assiettes. Bon. J'avoue que je sais pas exactement en quoi consiste une signature culinaire, mais je mets actuellement tout en oeuvre pour que "les oignons cramés qui collent au fond de la poêle" soient reconnus comme une signature. et laisse moi te dire que je signe à chaque fois que je cuisine, pour le coup.
- Pour innover en cuisine tout en restant authentique, il faut "revisiter" les plats traditionnels. Genre un boeuf bourguignon avec du saumon à la place du boeuf et du sorbet au cassis à la place du bourguignon. Si tu rajoutes des graines de sésame, on dira même que tu l'as sublimé, et ça, c'est un peu le Graal de Top Chef.
- Quelle que soit l'épreuve en cours, pour les candidats, c'est toujours "que du bonheur". Vider des truites, racler un os à moelle, découper des tentacules de poulpe, cuisiner nu dans une zone industrielle la nuit à Tourcoing avec Jean-François Piège qui chante du Indila, c'est "que du bonheur".
- Mais la vigilance est de mise, car Top Chef n'hésite pas à profiter de ton amateurisme pour te faire avaler n'importe quoi. La preuve avec le concept de cuisson au foin, inventé de toute pièce pour l'émission et qui va juste donner une odeur d'écurie à ton appart pendant 3 mois, pas la peine de sacrifier ton fauteuil en rotin pour ça. Pareil avec les légumes d'antan, autre arnaque monumentale montée uniquement pour te faire acheter des crosnes à 18 balles le kilo, personne sait comment ça se cuit, ça va encore pourrir au fond du frigo, n'achete jamais ça.
Jeu bonus: ma reconnaissance éternelle à qui m'expliquera le rôle exact de Stéphane Rotenberg dans l'émission .